Rien ne m’attendait au détour de cette rue. J’aurais voulu que ce soit un chemin. Une sente forestière nimbée de la respiration des champignons. Ce fin brouillard terreux qui se disloque en volute au passage fuyard d’un sanglier traqué. L’asphalte assourdissait mes pas comme un humus douillet favorable à la pousse des mobiliers urbains. Grands réverbères d’aluminium qui fleurissent en leds au crépuscule. Massifs abris-bus aux feuilles de verres. Parterres de signalisation aux hampes de toutes formes. Élégants feux tricolores qui changent de couleurs selon le trafic des saisons. Mousse de marquages qui tapissent le sol et graffitis parasites qui attirent l’œil papillonnant. Les troupeaux de voitures déferlent le soir au crépuscule de la fermeture des bureaux. Dans la savane métropole, les poids lourds marchent en convoi à leur rythme périphérique. Le véhicule fuyard fend l’artère poursuivi par la sirène policière d’un prédateur qui le chasse. Et dans les airs les grands jets planent vers des migrations estivales.
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