Clichés de l’inconnu au bouquet.

Qu’attendait-il au juste ? Et pourquoi des fleurs si périssables ? Cherchait-il à se faire pardonner quelque chose ?

Ou alors, c’était dans sa tête. Il se faisait un film, immobile.

– Où vous rendez-vous, jeune premier ?  

– À mon premier rendez-vous.  

Ou alors, il était fou. Des fleurs parce qu’il n’avait pas trouvé de passoire. C’est de plus en plus difficile à trouver avec les sachets de riz cuits en 10 minutes. Et si…

Et s’il attendait, avec un bouquet de fleurs, que le riz soit cuit ? C’est vrai ça. Pourquoi n’aurait-on pas le droit de cuisiner avec des fleurs ? On cuisine bien avec des épices. Il aimait peut-être le safran. Et la paella. Il devait certainement être espagnol. Il n’y a qu’un Ibère pour hiberner devant sa cuisinière avec des épices à la main. On connaît donc maintenant sa nationalité. Et sa passion pour la cuisine inventive. Car ce n’est pas donné à tout le monde de cuisiner des fleurs. Le bouquet, oui. Mais pas les fleurs. Comme le tourteau ou l’araignée, plongés vivants dans l’eau bouillante. C’est facile de préparer le bouquet. D’ailleurs, si ça se trouve, à force d’attendre, une araignée avait tissé son piège sous son coude. Ou alors, il était malade, et le cancer s’était « incrustacé » dans ses tissus. Peut-être alors, avait-il peu de temps à attendre ainsi. Et les fleurs iraient en couronne terminale. Bon. C’est un indice. Un Espagnol malade est condamné à attendre sa faim. Car il est amateur de cuisine, le bougre. Una amatoré dé couizina el mouchachos ! Un maître d’hôtel, plutôt, qui attend qu’à la table 6 ils terminent l’apéro pour servir les entrées. Avec dans ses mains une assiette de bouquet à la fleur de sel. Un maître d’autel irait mieux avec sa maladie incurable. Si jeune dans la fleur de l’âge. C’était le bouquet. Et son attente, le poivre de sa vie.

À cause du sel, ça se passait peut-être à Guérande. Ou à Nantes. On ne sait pas s’il attendait sous la pluie. Il faut écarter la Camargue, car on ne peut rester à attendre sans se faire bouffer par les moustiques. Même avec un bouquet de citronnelle à la main. Même pour un Ibère imberbe. Car il était forcément glabre, ce jeune premier. Il devait donc se raser souvent. Il faisait la queue devant le barbier. Car dans son scénario, il devait la voir ce soir. Il devait respecter les étapes : les fleurs, se faire beau, attendre. Et puis après, la dévorer des yeux, dévorer le dîner avec elle, puis la dévorer d’amour. Sauf s’il était cannibale. Alors là, ça change tout :

Un sémillant Sévillan anthropophage gangréné par un arthropode malin, qui attend de servir ses crevettes dans un resto nantais.

Qui aurait imaginé ça ?

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